ETATS-UNIS: La pénible marche de Hillary Clinton vers l’investiture

Bernie Sanders n’abandonne pas. Le sénateur du Vermont a beau être largement devancé par Hillary Clinton dans la course à l’investiture présidentielle, il continue de défier les appels à son retrait, retardant le nécessaire rassemblement démocrate.

La Democrate Hillary Clinton
La Democrate Hillary Clinton

La saison des primaires touche à sa fin. Près de 50 consultations ont eu lieu depuis février, et seuls quelque 20% des délégués restent à attribuer pour la convention d’investiture de Philadelphie, du 25 au 28 juillet.

Il ne reste que quatre journées de primaires, dont la grande du 7 juin en Californie et dans cinq autres Etats, lors de laquelle il est quasi certain que Hillary Clinton atteindra la majorité lui assurant automatiquement l’investiture.

Mais le sénateur du Vermont a encore remporté mardi une primaire, dans l’Oregon, et un quasi-match nul dans le Kentucky, frustrant le projet de Hillary Clinton d’unifier le parti et d’abréger les primaires. Les fans de Bernie Sanders, à commencer par les moins de 45 ans, n’entendent pas voter « utile » tant qu’ils peuvent encore envoyer un message progressiste et anti-élites aux dirigeants du parti démocrate.

« Beaucoup de gens, d’experts et d’hommes politiques disent que Bernie Sanders devrait se retirer », a lancé le candidat mardi à des milliers de partisans survoltés en Californie. « Les Californiens ont le droit d’exprimer leur choix pour la présidence. Que les choses soient claires (…) nous resterons en course jusqu’au dernier bulletin de vote! »

Pourquoi s’accrocher ? Même s’il remportait la Californie, l’avance de Hillary Clinton est trop forte pour qu’il la rattrape, notamment grâce aux « superdélégués », ces élus et responsables du parti fidèles à la candidate.

Mais Bernie Sanders a une liste de doléances. Sur le fond (réchauffement climatique, salaire minimum, Wall Street…) mais aussi plus politiques: il veut ouvrir le parti, notamment aux indépendants, l’étiquette qu’il a portée jusqu’à ces primaires, et changer le mode de financement électoral pour réduire l’importance des grands contributeurs et des lobbyistes.

« J’appelle la direction du parti démocrate à ouvrir les portes, et à laisser entrer les gens », a-t-il déclaré. « L’autre option, pour le parti démocrate, que je considère comme très triste et tragique, serait de maintenir le statu quo, de continuer à dépendre des grands donateurs, et de rester un parti sans grande participation et sans énergie ».

– 1968 ou 2008? –

Dans le passé, le parti démocrate a connu des conventions mouvementées. Celle de 1968, en pleine guerre du Vietnam, fut violente. Les caciques démocrates s’inquiètent que la ferveur pro-Bernie ne gâche le sacre prévu de Hillary Clinton à Philadelphie.

Le chaos de la convention démocrate du Nevada, samedi dernier, ressemble à un avertissement. La soirée, qui a désigné les délégués à la convention nationale, a tourné court après que des militants de Bernie Sanders ont bruyamment et violemment contesté les organisateurs.

Bernie Sanders a condamné les violences… avec un « mais »: « il est impératif que le parti, au niveau des Etats, traite nos partisans avec équité et avec le respect qui leur est dû », a-t-il déclaré, en dénonçant la partialité des dirigeants démocrates locaux.

A cela s’ajoute la contestation de la présidente du parti démocrate, Debbie Wasserman-Schultz, accusée depuis des mois de faire le jeu de Hillary Clinton. L’équipe Sanders avait par exemple critiqué la programmation de débats télévisés à des heures de faible écoute.

« Depuis le début de la campagne, elle s’est montrée hostile à Bernie Sanders », a accusé Jeff Weaver, directeur de campagne du candidat, sur MSNBC.

Chez Clinton, l’entourage de la candidate dédramatisait la situation, en rappelant à quel point l’inimitié était forte entre les camps Clinton et Obama aux primaires de 2008.

« En 2008, la moitié des partisans de Hillary Clinton disaient qu’ils ne soutiendraient jamais Barack Obama », a rappelé le porte-parole de la démocrate, Brian Fallon. « In fine, le parti s’est unifié à la convention et nous avons facilement battu John McCain et les républicains ».

Le comité Priorities USA Action, qui a lancé cette semaine une campagne de spots télévisés anti-Trump, parie sur cette mobilisation de démocrates et centristes pour empêcher une présidence Trump.

« Cela fait peur de l’imaginer à la Maison Blanche, et cela suffira à unifier le parti démocrate », dit Justin Barasky, porte-parole de Priorities USA.

Par Guylain Gustave Moke

Analyste Politique/Journaliste d’Investigation

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