AFRIQUE: -Joseph Kony- L’insaisissable chef d’une des plus cruelles rébellions

Joseph Kony, traqué sans succès depuis des années par des forces étrangères en Afrique centrale, a troqué l’aube d’enfant de chœur pour le treillis du rebelle, semant depuis 25 ans la mort dans la region, à la tête de la cruelle Armée de résistance du Seigneur (LRA).

Créée vers 1988 avec l’objectif de renverser le président ougandais Yoweri Museveni pour le remplacer par un régime fondé sur les Dix commandements, la LRA s’est forgée une effroyable réputation à force d’enlèvements d’enfants et de mutilations de civils à grande échelle.

Mélangeant mystique religieuse, techniques éprouvées de guérilla et brutalité sanguinaire, Kony a transformé, après les avoir kidnappés, des dizaines de milliers de garçonnets en soldats dociles et de fillettes en esclaves sexuelles.

Ce prophète auto-proclamé a été chassé avec la LRA du nord de l’Ouganda en 2006 et a poursuivi ses exactions avec un contingent amaigri de partisans en République démocratique du Congo (RDC), en Centrafrique, au Soudan et au Soudan du Sud. 

Au rythme des traques menées inlassablement par les armées de la région, appuyées par une centaine de membres des forces spéciales américaines, la LRA a désormais été réduite à « l’insignifiance », estiment les Etats-unis, qui vont retirer leur contingent de Centrafrique à partir de mardi.

Et pourtant, Joseph Kony reste introuvable, lui qui a été pourchassé dans les forêts équatoriales impénétrables. Comme depuis longtemps, sa localisation exacte reste floue même si de nombreux rapports ces dernières années ont conclu qu’il se trouvait du côté de Kafia Kingi, une région dans le sud du Darfour contrôlée par Khartoum.

– Pouvoirs surnaturels –

Les informations sur Kony sont rarissimes. Le peu d’éléments biographiques disponibles proviennent d’ex-combattants de la LRA et de nombreuses ex-« épouses », ayant fait défection ou ayant été faits prisonniers ou libérés par l’armée ougandaise.

Sa date de naissance précise est inconnue mais il est supposé avoir vu le jour au début des années 1960, dans le département de Gulu, dans le nord de l’Ouganda. Issu de la minorité Acholi, on sait juste que son éducation se limite à l’école primaire.

Il rejoint, en 1987, le Mouvement du Saint-Esprit (HSM) fondé par la rebelle messianique Alice Auma Lakwena pour combattre le président Museveni, qui venait de renverser des dirigeants issus du nord du pays.

Alice Lakwema, ex-prostituée décrite comme sa cousine ou sa tante, s’exile cette même année au Kenya et, sous la houlette de Kony, une faction du HSM devient la LRA.

Les rares photos disponibles de celui qui se fait appeler « Professeur », « Saint Père » ou « Grand Maître » par ses partisans, montrent un moustachu au physique banal, de taille moyenne, en treillis militaire.

Ceux qui – de gré ou de force – l’ont côtoyé, racontent qu’il régit tout, de la tactique militaire aux règles d’hygiène personnelle, terrifiant ses subalternes en affirmant recevoir ses ordres du Saint-Esprit. D’anciens proches le créditent de pouvoirs surnaturels, le disant capable de « lire dans vos pensées ».

– ‘Volonté de Dieu’ –

Joseph Kony a une soixantaine de femmes et au moins 42 enfants. Il « affirme exaucer la volonté de Dieu », avait raconté l’une d’elles, Evelyn, kidnappée par la LRA et forcée d' »épouser » Joseph Kony avant d’être libérée par l’armée ougandaise.

Les exactions de Kony et sa politique d’enlèvements d’enfants lui ont rapidement fait perdre le soutien des populations du nord, pourtant très hostiles au gouvernement Museveni, qui déplacera de force – officiellement pour les protéger – deux millions de personnes dans le cadre de sa lutte anti-LRA.

Le chef suprême de la LRA n’est qu’exceptionnellement apparu en public. En 2006, il assurait à un journaliste occidental, un des rares étrangers à l’avoir rencontré, qu’il n’était « pas un terroriste » et combattait « pour la démocratie ».

Ses victimes, elles, racontent avoir été forcées de mutiler ou tuer leurs amis, voisins ou proches, quelquefois en les mordant jusqu’à la mort, et parfois de boire le sang de leurs victimes dans le cadre de rites effroyables.

Toutes ces exactions vaudront à Kony de devenir, en 2005 et en compagnie de quatre de ses adjoints, le premier suspect inculpé par la Cour pénale internationale (CPI), qui leur reproche des crimes contre l’humanité et crimes de guerre, au nombre desquels meurtres, viols, esclavagisme, enrôlement d’enfants.

Par Guylain Gustave Moke

CENTRAFRIQUE: Fin de la traque contre Kony pour les forces spéciales américaines

Les Etats-unis débuteront mercredi le retrait de leurs forces spéciales déployées depuis 2011 dans l’est de la Centrafrique pour lutter contre la rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony.

« Le temps est venu de passer à autre chose étant donné que l’organisation (la LRA, NDLR) est vraiment en train de se battre pour sa survie », a expliqué, le 20 avril, lors d’une conférence de presse téléphonique, le général Thomas Waldhauser, à la tête du commandement américain pour l’Afrique (Africom).

La LRA compte aujourd’hui 100 membres actifs contre plusieurs milliers il y a une dizaine d’année selon Africom, présent en soutien des forces africaines dans l’est de la Centrafrique depuis 2011 avec une centaine de militaires des forces spéciales américaines, suivis en 2014 de 150 hommes de l’armée de l’air.

« Cette opération a été un succès assez important », estimait début avril sur Radio France Internationale (RFI) l’ambassadeur américain en Centrafrique Jeffrey Hawkins. 

Le leader de la LRA, Joseph Kony, reste pourtant introuvable et se déplacerait entre la Centrafrique et le Soudan, selon Paul Ronan d’Invisible Children, une ONG impliquée dans sa traque et connue pour la campagne médiatique « Kony 2012 » qui a attiré l’attention du monde sur les exactions de la LRA.

Mélangeant mystique religieuse, techniques éprouvées de guérilla et brutalité sanguinaire, Joseph Kony souhaitait libérer l’Ouganda du président Yoweri Museveni pour y instaurer un régime fondé sur les Dix Commandements. Il est recherché pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale, où est actuellement jugé Dominic Ongwen, l’un de ses anciens bras droits.

Selon l’ONU, la LRA a tué plus de 100.000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants dans le nord de l’Ouganda, avant de se propager dans les pays voisins: Soudan du Sud, nord-est de la République démocratique du Congo et enfin Centrafrique.

« La LRA n’a jamais attaqué les intérêts américains, pourquoi nous nous en préoccupons? Est-ce que cela vaut toutes ces dépenses? », avait déclaré le président américain Donald Trump en janvier. L’opération a coûté 780 millions de dollars depuis 2011, selon Africom.

En parallèle du retrait des militaires américains, les troupes ougandaises, colonne vertébrale de la mission de l’Union africaine de lutte contre la LRA, commencent à quitter l’est de la Centrafrique où elles étaient déployées depuis 2009.

– La crainte d’un vide sécuritaire –

« Partout, autour des cafés, les gens parlent du départ des troupes ougandaises et américaines », a indiqué un habitant d’Obo, ville du sud-ouest de la Centrafrique.

Lundi 17 avril, une marche avait même été organisée dans la localité, rassemblant environ 6.000 personnes selon ce même observateur, pour demander aux Ougandais et aux Américains de rester jusqu’à ce que les forces centrafricaines prennent le relais. La mission de l’ONU en République centrafricaine (Minusca) compte seulement 12.500 hommes et n’est que très peu présente dans l’est du pays.

« Ce retrait (des troupes ougandaises et américaines, NDLR) conduira à une recrudescence des attaques de la LRA dans le sud-est centrafricain », s’inquiète Thierry Vircoulon, spécialiste de la région des Grands Lacs à l’Institut français des relations internationales. « Personne n’imagine que les militaires centrafricains qui doivent être envoyés là-bas et éviter ainsi un vide sécuritaire vont pouvoir neutraliser la LRA. »

En plus des hommes de Joseph Kony, l’est de la Centrafrique est menacée par d’autres « bandes armés », signale le préfet de la région du Haut-Mbomou, Ghislain Dieu-Bénit Kolengo. Il évoque des « bandits » mais aussi la faction de l’ex-Séléka, des rebelles centrafricains à majorité musulmane, de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), qui progresse en ce moment vers l’est du pays et a attaqué le 15 avril la localité de Zémio.

« Même si nous terminons officiellement la mission contre la LRA, nous savons que nous ne voulons pas laisser un vide », a voulu rassurer le général Waldhauser, précisant que les Etats-unis continueront d’apporter leur soutien aux troupes africaines au niveau de la « formation » ou encore du « renseignement ».

Par Guylain Gustave Moke

LIBYE: -CPI- Mandat d’arrêt contre l’ex-chef de la sécurité de Kadhafi

La Cour pénale internationale (CPI) a rendu public lundi un mandat d’arrêt lancé contre l’ex-chef de la sécurité du défunt leader libyen Mouammar Kadhafi, l’accusant de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité lors du soulèvement contre le régime en 2011.

Le mandat, qui date de 2013 mais était scellé, accuse Al-Touhami Khaled de quatre chefs de crimes contre l’humanité (emprisonnement, torture, persécution et autres actes inhumains) et de trois chefs de crimes de guerre (torture, traitements cruels et atteintes à la dignité de la personne) qui auraient été commis entre février et août 2011, « afin d’écraser par tous les moyens l’opposition politique au régime de Kadhafi », selon le mandat de la Cour, basée à La Haye.

A l’époque, le régime de Mouammar Kadhafi fait face à un soulèvement qu’il réprime dans le sang. Al-Touhami Khaled est alors chef de l' »Organe de sécurité intérieure » et il est chargé « d’exécuter les ordres de Kadhafi », selon le mandat. 

Les personnes incarcérées dans différents lieux de détention à travers la Libye « sont soumises à diverses formes de mauvais traitements, dont des passages à tabac, des chocs électriques, des actes de violence sexuel, des viols », détaille encore la CPI.

Dans un communiqué, la Cour justifie la décision de lever les scellés sur le mandat en estimant que cela « pourrait faciliter l’arrestation et la remise (de l’accusé) car tous les Etats seraient conscients de son existence ».

Les tribunaux internationaux estiment parfois, au contraire, qu’il est plus efficace pour arrêter un suspect de garder le mandat d’arrêt secret afin de ne pas éveiller ses soupçons.

Al-Touhami Khaled, qui est né dans les années 1940 à Janzour près de Tripoli, aurait été arrêté en avril 2012 en Egypte avant d’être relâché parce qu’il n’y avait pas de mandat d’arrêt contre lui, selon des médias libyens. Depuis, il a disparu de la circulation.

La situation en Libye a été renvoyée au procureur de la CPI par le Conseil de sécurité des Nations unies en février 2011.

Le mois suivant, alors que s’affrontaient toujours régime et opposants, le Procureur a annoncé sa décision d’ouvrir une enquête.

A la même époque, la CPI a lancé un mandat d’arrêt à l’encontre de Seïf al-Islam, le fils de Mouammar Kadhafi, l’accusant de crimes contre l’humanité.

Depuis, les autorités libyennes et la CPI se disputent le droit de le juger. Détenu par les milices contrôlant la ville de Zenten, au sud-ouest de Tripoli, Seïf al-Islam a été condamné à mort en juillet 2015 à l’issue d’un procès dénoncé par l’ONU et des ONG de défense des droits de l’Homme.

Un autre haut responsable du régime Kadhafi, l’ex-chef des renseignements Abdallah al-Senoussi, est lui aussi accusé de crimes contre l’humanité par la CPI mais cette dernière a accepté en octobre 2013 qu’il soit jugé en Libye.

La CPI est le seul tribunal pénal international permanent chargé de poursuivre les plus hauts responsables de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Pour l’heure, aucun responsable des atrocités commises en Libye n’a encore été jugé. Mais Fatou Bensouda, la procureure de la CPI, a affirmé au Conseil de sécurité des Nations unies en novembre dernier qu’elle ferait de la Libye « une priorité » en 2017 et qu’elle envisageait « de déterminer des charges pour de graves activités criminelles », ce qui pourrait « inclure les crimes présumés commis » par le groupe Etat islamique.

Depuis la chute de Kadhafi, tué par des rebelles en octobre 2011, le pays est déchiré par les rivalités entre ses milices mais aussi entre ses dizaines de tribus.

Deux autorités politiques se disputent le pouvoir: le gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli et une autorité rivale qui contrôle une grande partie de l’Est libyen et s’appuie sur le Parlement élu installé à Tobrouk.

Par Guylain Gustave Moke

ANGOLA: Les élections générales fixées au 23 août

Le Conseil de la République angolais, dirigé par le président José Eduardo dos Santos, a fixé au 23 août prochain la date des élections générales qui doivent marquer la fin du règne de trente-huit ans du chef de l’Etat sortant à la tête du pays.

« Sur proposition du président de la République (…) le Conseil de la République a approuvé lundi la date du 23 août pour la tenue des élections générales en Angola », a déclaré le porte-parole du Conseil, le procureur général de la République Joao Maria de Sousa, lors d’une conférence de presse radiodiffusée.

Le chef de l’Etat doit maintenant formellement convoquer les 9,6 millions d’électeurs angolais. 

Au pouvoir depuis 1979, M. dos Santos, 74 ans, a annoncé qu’il ne se représenterait pas lors de ce scrutin.

En février, son parti, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), a désigné l’actuel ministre de la Défense José Lourenço pour lui succéder en cas de victoire, très probable.

M. Dos Santos est critiqué par ses adversaires pour avoir mis l’Etat et l’économie en coupe réglée, notamment en offrant à sa famille et à ses proches la direction de nombreuses entreprises. Isabel dos Santos, fille du chef de l’Etat, est ainsi PDG de la compagnie pétrolière nationale, Sonangol.

Son régime est aussi épinglé pour ses violations des droits de l’Homme, notamment par la police et la justice qui répriment toute contestation. La semaine dernière encore, sept manifestants d’opposition ont été condamnés à 45 jours de prison ferme pour avoir exigé la transparence lors des élections.

« Toutes les conditions politiques, législatives, financières, logistiques et de sécurité sont remplies pour des élections générales transparentes et sans contrainte », a estimé lundi M. dos Santos, cité par le procureur de Sousa.

L’opposition ont toutefois déjà exprimé ses inquiétudes sur les conditions d’organisation du scrutin.

Le Conseil de la République, où elle est représenté, est un organe consultatif présidé par le chef de l’Etat.

L’Angola est classé 164e sur 176 pays au dernier classement de l’ONG Transparency International sur la corruption.

L’Angola est avec le Nigeria l’un des deux principaux pays producteurs de pétrole d’Afrique subsaharienne mais reste l’un des plus pauvres du continent. La chute des cours du brut en 2014 l’a plongé dans une sévère crise économique.

Par Guylain Gustave Moke

VENEZUELA: Nouvelle manifestation mercredi

L’opposition au président socialiste du Venezuela, Nicolas Maduro, appelle à une nouvelle manifestation mercredi en faveur d’élections générales anticipées, l’objectif central de près d’un mois de mobilisations au cours desquelles 24 personnes ont été tuées.

Accusant les institutions contrôlées par le gouvernement d’être « complices du coup d’Etat », le député d’opposition Miguel Pizarro a appelé à marcher en direction de l’une d’elles, dans le centre de Caracas, sans préciser encore laquelle pour ne pas donner à l’exécutif « 72 heures pour se préparer ».

Lundi, trois hommes ont été tués dans l’ouest du pays et sept personnes blessées, selon le parquet et les autorités.

Deux hommes sont morts dans la ville de Mérida et un autre dans la ville de Barinas, toutes deux dans l’ouest du pays. La nouvelle journée de mobilisation s’était pourtant déroulée dans le calme, des milliers d’opposants bloquant les routes du pays pour réclamer des élections générales anticipées. 

Seuls quelques heurts ont été observés quand la police a dispersé avec du gaz lacrymogène des manifestants qui lui jetaient des pierres sur une autoroute de la capitale.

« Cela a été une manifestation pacifique en faveur d’élections générales. Fini la répression pour le peuple qui veut un changement », a lancé le député d’opposition Luis Florido.

Assis ou debout sur la chaussée, sous un soleil intense, des milliers de manifestants, pour la plupart vêtus de blanc, ont occupé pendant des heures l’autoroute Francisco Fajardo, voie d’accès à Caracas, ainsi que les principales routes du pays.

« Nous bloquons (les routes) pour que Maduro comprenne qu’il doit partir. Avec lui, nous avons faim. Je ne trouve pas de lait pour mon bébé de 16 mois », expliquait Amalia Duran, une femme au foyer de 41 ans.

Dans ce pays pétrolier dont l’économie s’est effondrée avec la chute des cours du brut, la majorité des aliments et médicaments sont introuvables. Lassés, sept Vénézuéliens sur dix souhaitent le départ de Nicolas Maduro, selon un sondage Venebarometro.

« Je suis venu parce que je suis fatigué », témoignait ainsi Yorwin Ruiz, manifestant de 26 ans, avant de raconter son calvaire: « J’ai fait le tour de plus de 20 pharmacies pour acheter un simple antibiotique. J’espère qu’au moins nous obtiendrons des élections. »

Esperanza Cadavid et Leonor Pérez, deux nonnes colombiennes de 83 et 79 ans, se sont jointes au mouvement. Au cours des décennies passées au Venezuela, « je n’ai jamais vu ça, alors que je suis arrivée à l’époque de Pérez Jimenez, une période très sombre, mais vous trouviez à manger et du travail », assure Mme Pérez, se référant à la dernière dictature au Venezuela dans les années 1950.

« Plus de répression! », a plaidé pour sa part le footballeur Tomas Rincon via son compte Twitter. D’autres footballeurs vénézuéliens, comme Salomon Rondon et Adalberto Peñaranda ont fait part de leur « douleur » et appelé à un pays « LIBRE ET EN PAIX ».

Après quasiment un mois de manifestations, les antichavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013) maintiennent la pression en faveur d’élections générales anticipées, avant la fin du mandat de M. Maduro en décembre 2018.

– ‘Nous n’allons pas nous rendre’ –

Depuis le 1er avril, la vague de manifestations a fait 23 morts, les rassemblements étant marqués par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.

Gouvernement et opposition s’accusent mutuellement de ces violences au cours desquelles plus de 600 personnes ont été arrêtées, selon l’ONG Foro Penal.

« Le Venezuela se lève contre la dictature (…) malgré la répression. Nous n’allons pas nous rendre », a promis Freddy Guevara, vice-président du Parlement, seule institution contrôlée par l’opposition.

« Des élections oui, je veux des élections maintenant », a lancé dimanche à la télévision M. Maduro mais en se référant aux scrutins régionaux – qui devaient se tenir en décembre dernier mais ont été reportés sine die – et municipaux prévus cette année.

L’un des hauts dirigeants du chavisme, Diosdado Cabello, a d’ailleurs précisé lundi qu' »il n’y aura pas d’élections générales, en aucun cas (…). Nicolas ne va partir ».

M. Maduro a invité l’opposition à reprendre le dialogue gelé depuis décembre, appelant le pape François à « accompagner » ces discussions. Une précédente médiation sous l’égide du Saint-Siège avait échoué l’an dernier.

Le chef de l’Etat a rencontré lundi soir l’ex-président de la République dominicaine Leonel Fernandez, déjà partie dans les précédentes négociations.

Onze pays latino-américains ainsi que les Etats-Unis plaident pour des élections.

La crise politique, née de la victoire de l’opposition de centre droit aux législatives de fin 2015, s’est enflammée début avril: la Cour suprême, réputée proche de Maduro, s’est arrogée les pouvoirs du Parlement, déclenchant un tollé diplomatique qui l’a poussée à renoncer 48 heures après. L’opposition dénonce un « coup d’Etat ».

Une précédente vague de manifestations en 2014 avait fait officiellement 43 morts.

Par Guylain Gustave Moke

PHILIPPINE: Rodrigo Duterte, accusé à la Cour Pénale Internationale

Un avocat philippin a déposé lundi en tant que citoyen un dossier d’informations auprès du bureau de la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) accusant le président Rodrigo Duterte d’avoir causé la mort de plus 8.000 personnes dans sa guerre antidrogue.

L’avocat Jude Sabio l’accuse d’avoir commis « des massacres ou exécutions extrajudiciaires constituant un crime contre l’humanité durant son mandat en tant que maire de la ville de Davao (au sud), y compris à travers son implication personnelle et son escadron de la mort de Davado, et maintenant en tant que président des Philippines, à travers sa guerre antidrogue », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Rodrigo Duterte a été élu président en mai sur un programme ultrasécuritaire, s’engageant à éradiquer en six mois le trafic de drogue en faisant abattre des milliers de trafiquants de drogue présumés. 

M. Sabio parle de 1.400 morts à Davao et plus de 7.000 dans le cadre de cette sanglante campagne contre le trafic de drogues.

Les Nations unies, l’Union européenne, les Etats-Unis ainsi que de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme ont fait part de leur inquiétude au sujet de ces exécutions extrajudiciaires.

Alors que M. Duterte « a complètement ignoré » ces appels, l’avocat souhaite que le bureau de la procureure lance une enquête sur ces faits pour « mettre fin à cette ère noire, obscène, meurtrière et malfaisante aux Philippines ».

Le bureau de la procureure a confirmé avoir reçu le dossier d’informations de 77 pages déposé par M. Sabio à La Haye, ajoutant: « nous analyserons les documents soumis, en accord avec le Statut de Rome », traité fondateur de la CPI.

La procureure peut déterminer s’il convient d’entamer un examen préliminaire, étape préalable à l’ouverture d’une enquête, de la situation.

En octobre, Fatou Bensouda s’est dite « très préoccupée par ces allégations et par le fait que de hauts responsables de la République des Philippines semblent justifier ces meurtres (…) et même encourager les forces de l’ordre et la population civile à continuer de faire usage de la force létale à l’encontre de ces personnes ».

Elle avait également averti que les responsables pourraient être poursuivis.

– Enquête policière en cours –

Jude Sabio a récemment représenté Edgar Matobato. En septembre, cet homme se présentant comme un « tueur repenti » avait expliqué devant le Sénat qu’il faisait partie d’un escadron de la mort qui avait tué un millier de personnes, délinquants et opposants, sur ordre de Rodrigo Duterte, alors maire de Davao.

Le président philippin a affirmé en décembre avoir personnellement tué des criminels présumés à cette époque afin de montrer l’exemple à la police.

Depuis son entrée en fonction fin juin, la police a annoncé avoir abattu 2.087 trafiquants ou toxicomanes présumés tandis que 1.398 personnes ont été tuées dans des circonstances non élucidées, selon les chiffres officiels.

Le porte-parole de la présidence Ernie Arbella a assuré lundi que la police enquêtait déjà sur les personnes suspectées « de violer les procédures » et fait état d’une investigation en cours par le Sénat dont M. Matobato est le témoin principal.

Ainsi, la CPI, « en tant que Cour de dernier recours, aura seulement compétence sur une affaire une fois que les remèdes légaux aux Philippines auront été épuisés », a-t-il précisé.

Par Guylain Gustave Moke

FRANCE: -Présidentielle- Le soulagement à Bruxelles après la qualification de Macron

Le soulagement était palpable lundi à Bruxelles après la qualification du pro-européen Emmanuel Macron pour la finale de la présidentielle française, même si le scrutin a une nouvelle fois illustré une forte défiance face à l’UE.

La dirigeante d’extrême droite du Front national, Marine Le Pen, s’est qualifiée dimanche pour le deuxième tour avec 7,6 millions de voix (21,53%), derrière M. Macron (23,75%).

Avec le score important du candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (19,64%), le vote de défiance face à l’Union européenne d’aujourd’hui dépasse les 40%, souligne Catherine Fieschi, directrice du centre de recherche sur les populismes Counterpoint, basé à Londres.

L’empressement avec lequel les dirigeants européens ont adressé dimanche soir leurs félicitations à Emmanuel Macron illustre l’inquiétude qui régnait quant à l’essor des mouvements populistes et europhobes, après le référendum sur le Brexit et l’élection aux Etats-Unis de Donald Trump. 

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est même sorti de la réserve habituelle pour féliciter dès dimanche soir le candidat centriste et lui souhaiter « bon courage pour la suite ». Marine Le Pen « vise la destruction de l’Europe », a justifié lundi son porte-parole, Margaritis Schinas.

« Bruxelles était inquiet, il y a un soulagement », mais « il ne faut pas crier victoire car le second tour n’est pas joué », a pour sa part souligné le commissaire européen à l’Economie, le Français Pierre Moscovici (socialiste), en appelant à voter en faveur de M. Macron.

– ‘Electeurs aliénés’ –

Il faut « combattre pied à pied les impostures du Front national : l’imposture du Frexit (sortie de la France de l’UE sur le modèle du Brexit, ndlr) et de la sortie de l’euro », a-t-il insisté, jugeant « assez effrayant » que « 7,6 millions de Français (aient) mis ce bulletin dans l’urne ».

« Il ne faut pas sous-évaluer le vote Le Pen parce qu’il est l’indice d’un mécontentement qui se manifeste non seulement en France, mais dans beaucoup de pays européens », a constaté de son côté le président du Parlement européen, Antonio Tajani.

En Autriche, le parti d’extrême droite autrichien FPÖ a célébré « un nouveau succès » pour « le printemps patriotique en Europe ». « Les vieux partis de l’establishment et leurs représentants discrédités vont graduellement disparaître jusqu’à devenir insignifiants dans toute l’Europe », a espéré son président Heinz-Christian Strache.

Après la victoire des partisans de la sortie du Royaume-Uni de l’UE en juin 2016 et la saga présidentielle autrichienne, finalement remportée par un écologiste face au FPÖ en décembre, les formations europhobes espéraient engranger victoire sur victoire en 2017, marquée par des élections aux Pays-Bas, en France et en Allemagne (en septembre prochain).

Mais comme Marine Le Pen dimanche, le dirigeant d’extrême droite néerlandais Geert Wilders, longtemps donné en tête par les sondages, est arrivé deuxième lors des législatives à la mi-mars. Il a toutefois engrangé « 500.000 électeurs de plus (qu’en 2012) à un moment où il y a très peu de chômage et où les Pays-Bas vont bien », souligne Catherine Fieschi.

« Même quand il y a une reprise économique en Europe, comme c’est actuellement le cas, cette reprise ne semble avoir aucun impact sur la déception et la mobilisation des électeurs populistes », analyse-t-elle.

« A moins de faire une politique plus proche de gens, en traitant leurs problèmes au quotidien, comme la question des services publics ou la façon dont ils se sentent valorisés socialement, ces électeurs vont se sentir de plus en plus aliénés », juge-t-elle.

Mais d’autres voient un tournant dans la présidentielle française, que M. Macron pourrait remporter, selon les sondages, avec plus de 60% des voix au deuxième tour le 7 mai prochain.

« Après les élections aux Pays-Bas et en Autriche, et alors que (la formation populiste) AfD chute dans les sondages en Allemagne, le premier tour en France suggère que les populistes ont perdu énormément de terrain en 2017 », estime Stefan Kreuzkamp, analyste chez Deutsche Asset Management.

« Le pire de la vague de colère populiste pourrait bientôt être passé en Europe », veut croire aussi Holger Schmieding, analyste chez Berenberg.

Et l’élection de « l’europhile » Emmanuel Macron « pourrait insuffler une nouvelle vie au +moteur+ franco-allemand », prédit Giles Merritt, directeur du centre de réflexion Friends of Europe.

Par Guylain Gustave Moke

ANGLETERRE: UKIP peine à mobiliser

A quelques semaines des élections législatives britanniques, le parti europhobe Ukip semble avoir perdu son pouvoir de séduction, maintenant que le Brexit va devenir réalité. Il est désormais crédité de 5% des intentions de vote, son plus bas niveau depuis mars 2012, selon un sondage YouGov.

L’United Kingdom Independant Party paie là son incapacité à formuler un programme politique renouvelé depuis le vote en faveur du Brexit, sa raison d’être, ainsi que sa crise de leadership, loin d’être résolue.

Symbole de ces difficultés, Paul Nuttall, le nouveau dirigeant élu à la tête du parti en novembre 2016, n’a toujours pas décidé s’il serait candidat aux élections du 8 juin. 

Il était sorti décrédibilisé d’une défaite face au candidat du Labour dans une législative partielle en février à Stoke-on-Trent (centre de l’Angleterre), qui détient pourtant le record du vote pro-Brexit parmi les 30 plus grandes villes du pays.

Son échec l’avait entraîné dans une guerre personnelle avec Arron Banks, principal donateur de Ukip, qui menace de quitter le parti s’il n’y fait pas « le ménage ».

Quant à l’unique député du Ukip, Douglas Carswell, il a claqué la porte en mars, faute d’y avoir trouvé sa place et vient tout bonnement de renoncer à se représenter et d’annoncer qu’il soutiendrait les conservateurs, son ancienne formation. Non sans avoir prôné la dissolution de l’Ukip, qui selon lui a achevé sa mission.

L’Ukip se lance donc dans une campagne sans élus nationaux, et sans son leader historique, Nigel Farage, qui a renoncé à se lancer dans la compétition après s’être déjà présenté sept fois sans jamais être élu.

– Retour aux fondamentaux –

Mais son plus gros défi demeure sa capacité à proposer un programme politique cohérent, alors que le Brexit, qui a été son cheval de bataille pendant des années, est désormais sur les rails.

« Le parti est en plein désordre », analyse Brian Klaas, chercheur en sciences politique à la London School of Economics. « Il se cherche un autre programme que simplement faire pression sur (la Première ministre) Theresa May » dans les négociations de sortie de l’Union européenne, « mais concrètement, il n’a rien d’autre à proposer qu’un Brexit dur », synonyme de moins d’immigration européenne et de sortie du marché unique.

Ce que reconnaît à demi-mot Peter Harris, candidat du parti dans la circonscription de Dagenham-Rainham, en soulignant que son parti veut se concentrer d’abord sur les négociations du Brexit. « Nous entrons dans une période de négociations de deux ans, et nous devons nous assurer que le Royaume-Uni va vraiment récupérer le pouvoir sur ses procédures législatives, ses zones de pêche ou ses frontières ».

Mais sur les sujets de politique intérieure, Peter Harris se fait beaucoup moins bavard. Il renvoie au programme établi pour les précédentes élections législatives, en 2015, et précise seulement que l’Ukip se préoccupe des « enjeux locaux », prenant l’exemple de la signalisation routière à la sortie des écoles.

Pour remobiliser ses électeurs, le parti revient donc à ses fondamentaux, notamment la lutte contre l’immigration. Lors d’une conférence de presse lundi, ses dirigeants ont présenté le volet dit « intégration » de leur programme, qui cible les minorités religieuses du pays, notamment musulmanes.

« Personne n’a voté pour une société multi-culturelle mais pourtant, nous vivons avec », a ainsi attaqué Peter Whittle, numéro deux du parti, et membre de l’assemblée de Londres. Il souhaite rouvrir un débat, « fermé depuis trop longtemps par les autres formations politiques », sur l’identité britannique, estimant que son pays est « de plus en plus fragmenté ».

Il réclame aussi la baisse de l’aide internationale versée par le Royaume-Uni et affirme « c’est en se montrant radical que l’Ukip a toujours été le plus performante ».

Par Guylain Gustave Moke

ESPAGNE: Vaste opération antijihadiste

La police catalane a annoncé mardi qu’elle menait une opération « antiterroriste jihadiste » d’envergure impliquant des arrestations et de nombreuses perquisitions dans les alentours de Barcelone, dans le nord-est de l’Espagne.

Outre la police catalane, la police nationale espagnole et la police fédérale belge participent à l’opération.

Les enquêteurs, avec la collaboration de la justice belge, ont mis à jour des « indices » qui pourraient établir l’appartenance de « personnes arrêtées à des organisations terroristes jihadistes », a annoncé la police catalane dans un communiqué. 

Une douzaine de perquisitions étaient en cours en début de matinée dans les communes de Barcelone, L’Hospitalet de Llobregat, Santa Coloma de Gramenet, Ripollet, Cornellà de Llobregat et Masquefa, toutes situées dans la province de Barcelone, a précisé la police régionale.

L’opération, toujours en cours, découle de l’identification d’un « groupe organisé lié au terrorisme de type jihadiste », selon le communiqué des Mossos d’Esquadra.

La police catalane n’était pour l’heure pas en mesure de préciser combien de personnes avaient été arrêtées.

« L’ampleur de l’opération a mené les services antiterroristes à informer le Centre national d’intelligence de l’évolution de l’affaire », précise le corps de police.

L’enquête est menée sous la direction d’un juge d’instruction de l’Audience nationale, haute juridiction basée à Madrid et chargée des affaires complexes, notamment de terrorisme.

Par Guylain Gustave Moke

ETATS-UNIS: Les 100 jours de Donald Trump au pouvoir

De revers en volte-face, Donald Trump a connu un apprentissage difficile du pouvoir. S’il a montré sa capacité à évoluer, il n’a pas véritablement réussi à établir un « nouveau » Trump avec une doctrine et un style présidentiel constant.

A l’heure du cap symbolique des 100 jours, qu’il franchira samedi, le constat est cruel pour celui qui promettait aux Américains de « gagner, gagner, gagner »: il est, à ce stade de son mandat, le président le moins populaire de l’histoire moderne des Etats-Unis (même si sa base lui reste, pour l’heure, fidèle).

L’homme d’affaires de 70 ans, dont l’élection provoqua une violente onde de choc à travers le monde, revendique toujours haut et fort une approche impulsive, instinctive, imprévisible. Mais l’ex-candidat anti-système qui promettait de secouer Washington reconnait aussi, avec un mélange de naïveté et de roublardise, avoir pris conscience, d’une évidence: il occupe un poste extrêmement difficile. 

En quelques semaines seulement, la justice, sur ses visas migratoires, et le Congrès, sur la réforme de l’assurance-maladie, lui ont infligé des gifles cinglantes.

« Personne ne savait que le système de santé était si compliqué », lâche-t-il au coeur de sa tentative de réforme de l’Obamacare, loi emblématique de son prédécesseur démocrate.

« Après avoir écouté pendant dix minutes, j’ai réalisé que ce n’était pas si facile », lance-t-il après sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping en évoquant l’épineux dossier nord-coréen.

– Tweets à l’emporte-pièce –

Les exigences et les contraintes du Bureau ovale -où chaque mot compte- sont de fait profondément différentes de celles d’une estrade de campagne.

Qui écouter? Qui solliciter? Quel rapport de force instaurer avec le Congrès, même si, comme c’est le cas, il est contrôlé par son propre camp? Quelle latitude accorder aux deux mastodontes que sont le Pentagone et le département d’Etat?

Tous ses prédécesseurs l’ont dit: l’installation au 1600 Pennsylvania Avenue est un choc.

« Il y a quelque chose de très particulier propre à ce travail de président, personne n’y échappe: vous avez une vision en arrivant puis la pression qui pèse sur le poste, les réalités du monde sont différentes de ce que vous aviez en tête », résumait il y a quelques jours George W. Bush.

Au-delà de son goût, qui ne se dément pas, pour les tweets matinaux à l’emporte-pièce, largement guidés par les choix rédactionnels de Fox News, Donald Trump évolue.

Dans le choix des équipes comme dans certains arbitrages, une forme de présidentialisation est en cours, mais elle reste hésitante.

Celui qui fut propulsé à la tête de la première puissance mondiale sans l’ombre d’une expérience politique, diplomatique ou militaire, revendique cette approche.

« Je change, je suis flexible, et j’en suis fier », lance-t-il, peu avant de lancer des frappes aériennes contre le régime Bachar al-Assad en Syrie, accusé d’avoir utilisé des armes chimiques avec nombre d’enfants parmi les victimes.

Sur la Chine, la Russie ou l’Otan, ses virages à 180 degrés ont -dans une certaine mesure- rassuré une partie du pays ainsi que les alliés des Etats-Unis.

« Les volte-face récents de Trump méritent d’être (prudemment) salués », résumait d’une étonnante formule le Washington Post dans un éditorial, rappelant le malaise suscité par son discours d’inauguration d’une agressivité inouïe.

Mais l’approche comporte aussi des risques.

De la Syrie à la Corée du Nord, quel est le risque d’entraîner les Etats-Unis dans un conflit militaire à l’issue imprévisible contre lequel il a mis en garde pendant la campagne? Comment le président républicain réagirait-il en cas d’attaque terroriste sur le sol américain?

– ‘Trumpisme’? –

Sur la forme et le verbe, nombre d’épisodes rappellent aussi, parfois de manière spectaculaire, que Donald J. Trump est un président à part dans l’histoire de l’Amérique.

Comme dans cet entretien déconcertant accordée au magazine Time fin mars, dans lequel il défendait une à une toutes ses affirmations controversées, farfelues ou carrément fausses: « Que puis-je vous dire? J’ai tendance à avoir raison ».

Plus de trois mois après sa prise de fonction, nombre de ses détracteurs jugent toujours fidèle le portrait au vitriol que l’écrivain Philip Roth esquissait de lui fin janvier dans le New Yorker.

Celui d’un président « ignorant du gouvernement, de l’histoire, de la science, de la philosophie, de l’art, incapable d’exprimer ou de reconnaitre une subtilité ou une nuance » et utilisant « un vocabulaire de 77 mots ».

Ses multiples ajustements et renoncements soulèvent aussi des questions sur sa ligne directrice et sur la définition du « Trumpisme », doctrine aux contours flous, qui s’articule autour d’un slogan plus difficile à articuler qu’il n’y paraît : « L’Amérique d’abord ».

Une mise en musique d’autant plus délicate qu’elle se heurte à des combats idéologiques au sein même de la Maison Blanche. Au milieu des conseillers, dont le très droitier Steve Bannon, qui redoutent en permanence la disgrâce, un groupe fait exception: la famille, sa fille Ivanka en tête.

La nomination du juge conservateur Neil Gorsuch, 49 ans, à la Cour suprême restera sans conteste comme le grand succès des 100 premiers jours du 45e président des Etats-Unis.

Conscient que les débuts furent rudes, il a d’un tweet rageur dénoncé par avance cette « échéance ridicule », même si son équipe assure qu’il est « très fier » de ses 100 premiers jours.

Donald Trump, qui évoque régulièrement l’hypothèse d’un deuxième mandat, a encore plus de 1.300 jours devant lui jusqu’à la fin du premier.

Par Guylain Gustave Moke

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